Ce n’est pas la première fois qu’il y a un redoux en Janvier. il y a presque toujours un redoux en Janvier. Pour plusieurs, ça signifie qu’il reste une p’tite bourrée d’hiver puis le printemps sera arrivé. Pour les « déneigeurs, » comme mon beau père, c’est une petite pause bien méritée.
J’ai un souvenir d’un mois de janvier vraiment doux. C’était en 1992, j’étais au Carnaval de Valcourt et je faisais du ski accroché derrière un quatre-roues dans les rues du village…en p’tit chandail…Wow!
Ce n’est pas le seul souvenir que j’ai des redoux de Janvier, depuis 15 ans, la fin du mois de Janvier correspond au début de la phase compétitive des culturistes et fitness afin qu’ils soient tous bien beaux et bien dorés pour leurs apparitions sous les projecteurs en mars, avril ou mai. En fait, au Québec, les compétitions de bodybuilding de niveau régional sons toujours au printemps. Les provinciaux et nationaux un peu plus tard en Juin ou Juillet. Cela signifie pas de chocolat à la St-Valentin ni à la fête de paques, pas de repas à la Cabane à Sucre, pas de chip pendant les play-off de la LNH… C’est inévitablement à la fin Janvier que la diète devient plus stricte, voir méga stricte…
Pour ma Part, j’ai goûté à ce « Régime » huit printemps d’affilés, de 1990 à 1998. Même qu’en 1998, le tout s’est étalé jusqu’en novembre lors de ma participation à M.Univers Naturel à Las Végas.
Je suis loin de garder un goût amer de ce chemin de croix annuel, au contraire, j’en suis nostalgique à chaque année. Rares sont mes amis du secondaire qui ne se rappellent pas mes fameux plats de plastiques, ou de mes nombreuses interruptions pour aller manger mon lunch dans l’char au beau milieu d’une fête d’amis. Quel plaisir avec la gagne du gym de se réunir le samedi matin pour le weekly update*
Weekly update : Le moment dans la semaine ou les culturistes en préparation se permettent d’enlever leurs t-shirts dans le gym pour constater l’évolution ou « les ravages » de la diète. La striation et les veines jaillissent et les muscles sont bien saillants. Peu de disciplines sportives peuvent se venter d’une progression aussi remarquable en aussi peu de temps,
Une autre particularité du culturisme est celle de traîner son sport avec soi, je m’explique : Imaginez-vous être un joueur de hockey avec un lance- frapper foudroyant. À moins de vous promener constamment avec un bâton et de faire un slap shot à chaque coin de rue, nul ne pourrait deviner que vous êtes si talentueux. Imaginons maintenant que vous êtes un gymnaste masculin de 5.5pouces pesant 150lbs (tel un bon gymnaste de calibre international) vêtu d’un pantalon et d’une chemise ample, tout à fait incognito n’est-ce pas…
Jusqu'au moment où vous vous dirigez vers la photocopieuse du bureau, en enchaînant rondade-flic-back-et-vrille-et-demi, woooooooooh…
show off, vous allez me dire… Bienvenue dans le monde du culturisme !
Les culturistes traînent leurs sports avec eux. À tout moment leur entourage peut témoigner de leur musculature, leur définition et leurs symétrie.
Il y a 10 ans déjà, j’avais alors 22 ans, j’étais en route vers Toronto pour les Championnats Canadiens de culturisme. C’était une journée très chaude de Juin, je portais un t-shirt et un short de nylon mi-cuisse. Les 8 litres d’eau que j’avais à boire ce jour la nécessitaient un ‘’arrêt pipi’’ à chaque halte routière de la panoramique autoroute 401. L’un de ces arrêts a été marqué par un accueil disons impromptu.
Alors que je cherchais l’accès des toilettes par l’extérieur du bâtiment, un responsable de l’entretien m’indiqua la direction de la salle à manger principale ou, à l’autre extrémité d’un vaste halle se trouvaient la salle de bain. Telle une bonne anecdote, j’ai traversé le food court et à peine à mi-chemin une voix retentit de l’autre coté de la salle « check out thoses legs!!! » puis un grand silence s’en suiva. J’ai poursuivi ma marche vers la salle de bain avec près d’une centaine de regard braqué sur mes quadriceps. Flatté, me diriez-vous? Aucunement! Embarrassé! Gêné! J’avais vraiment l’impression que je venais d’accomplir mon enchaînement de gymnastique au sol au beau milieu d’une cafétéria!
A moins d’être vêtu d’un habit de ski-doo, rien à faire pour cacher l’apparence physique d’un culturiste et de subir le jugement et les commentaires qui viennent avec la ‘’shape’’. Malheureusement j’ai remarqué qu’en accompagnant mes athlètes à différentes compétitions de culturisme et fitness, que de plus en plus de gens pratique le sport pour cette raison. Ce besoin d’attention, de reconnaissance de différence.
« Ho-là, un instant Yannik, tu y vas un peu fort, t’es le premier à enlevez ton t-shirt dans l’gym, tu ne pourrais tolérer avoir une bedaine…. »
«Oui, oui, je sais, j’vous vois venir. .. Laissez- moi m’expliquer !!! »
Je n’ai pas dit que je ne pouvais pas apprécier des compliments relatifs à mon physique. Cependant, mon abandon au culturisme a toujours résidé dans le dépassement de soi et non dans l’anticipation de compliments en l’égard de ma stature. Ce que je veux dire, c’est que certaines personnes s’adonnent au développement de leur musculature dans le but unique de se faire remarquer. De se faire accepter…Ils sont en quête d’un physique exceptionnel, qui malheureusement ne sera jamais à la hauteur de leurs attentes. Ce que je condamne, ce n’est pas le développement musculaire et les réactions que le look peu susciter mais bien la motivation qui emmène le désir de changer sont physique.
J’ai toujours le même plaisir à préparer mes athlètes pour les compétitions mais c’est l’ambiance des compétitions qui me désenchantent. Au point où je dis à Hugo après chaque compé, « j’crois que celle-ci c’était la dernière ». Je suis un peu blasé de cette attitude négative émergeant d’un assemblement de gens ayant une faible estime de soi ou encore une estime de soi factice qui réside seulement sur leur apparence.
Encore pire quand les juges ne leur donne pas raison.
Mais quel affront lors ce que votre existence repose seulement sur votre double biceps et que d’un coup de crayon, un quinquagénaire bedonnant vous dégonfle en vous placent en quatrième position.
Malgré tout, tel Dominique Michel dans le Bye Bye, je reviens chaque année avec une équipe toujours des plus compétitive. Je suis heureux de pouvoir faire vivre cette expérience qui m’a apporté grandement à d’autres adeptes. Il y a toujours de la place sur l’équipe de la Bat Cave pour ceux qui aiment s’entraîner, qui sont motivés et qui n’ont pas peur de travailler fort avec nos méthodes d’entraînement contemporaines agrémentées d’une ardeur des plus Old School.
Tel des apinistes au sommet d’une montagne, je suis convaincu que nos athlètes pourront gravir la plus haute marche du podium en toute humilité, en gardant comme souvenir les obstacles qui les auront fait grandir plutôt que ce trophée qui sera bientôt qu’un simple ramasse poussière.
Et pour ceux qui croient que des gros biceps et un six pack feront augmenter leur popularité sur FaceBook, vous pouvez toujours profiter du redoux hivernal pour sortir votre Abs Roller sur la pelouse et aller faire un p’tit set.
Culturistement vôtre,
YAN.